Église Saint-Julien à Lachute 

1936-1996

 

 

 

 

 

 

 

 

    C'est en faisant des recherches sur le terrain dans la région de Lachute, suite à une exploration dans le coin de Kilmar (à venir) que cette église fut découverte. C'est en discutant avec un antiquaire du coin que le nom de cette église est remontée à la surface: cette église qui est à l'abandon depuis trop longtemps.

 

 

 

"Fermé pour rénovation (Le Bon Dieu)"

 

 

 

    Il ne fallut pas 5 min en suivant les indications de l'antiquaire que l'église était trouvée. Une belle église d'un style tardif des années 1920 avec ses accents de fausses pierres, de gargouilles et ses lignes très anglicanes.  En plus d'être belle de l'extérieur malgré les larges plaques de pierres qui se détachent de la façade, l'église promettait une belle exploration intérieure. Attention au coeur sensible, ici nous sommes à "La chute" de l'église...

 

 

 

 

"La chute" de la pierre de l'église

 

 

 

 

 

   

    Une fois à l'intérieur c'est la tristesse qui nous inonde. Ce  sera une belle exploration d'église abandonnée, mais une église est bien plus belle en vie que morte. Cette église se meurt, personne  ne donne les soins palliatifs dont elle a besoin, seuls les crocs-morts sont aux aguets. Les bancs, le chemin de croix, les vitraux, les lustres, les ornements, les portes, les ferrures: tout ce qui peut avoir $ dans son reflet n'est plus présent.  L'orgue un Casavant a été vandalisé et lancé depuis le balcon, la sacristie souffre des inondations et est irrécupérable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lachute de l'orgue...

 

  

 

 

 

    L'église malgré son apparence anglicane ancienne est construite de façon très moderne. La charpente est une structure de béton armé et de maçonnerie.  La toiture est finie en terre-cuite rouge, l'endroit situé sur les berges de la rivière est visible à des kilomètres à la ronde. La finition extérieure est faite de blocs de pierres et d'accents en fausses pierres comme on en voit tant sur les constructions des années 1920-40. Malheureusement, l'absence de chauffage,  de maintenance et le pillage font en sorte que la détérioration du bâtiment prend de plus en plus d'ampleur. La fenestration laisse maintenant passer la pluie et les pigeons, les fientes s'accumulent et la toiture coule. Le sous-sol et la sacristie peinent à combattre les moisissures et l'humidité. Bref , l'église va bientôt passer le point de non-retour.    

 

 

 

    La finition intérieure est typique pour l'époque. Très soignée, mais sobre à comparer des églises gothiques. Elle se démarque par le choix de ses matériaux; le marbre est et les boiseries de chêne côtoient de belles moulures. Les plâtres, le fer forgé est les couleurs d'origines sont encore présentes.

    Le plafond de l'église remplit bien son rôle.  Il donne une impression de hauteur et un effet grandiose, tout en restant sombre. Par contre, il est maudit! plus vilain que le diable en personne, ce plafond à une finition en amiante bleu (crocidolite), un amiante bien plus dangereux que le chrysotile du Québec. La démolition en règle de cette église, nécessitera un chantier de désamiantage complet de la structure intérieur. Les coûts reliés à de tels travaux feront exploser le budget de la municipalité lorsque la démolition commencera.

 

 

 

 

 

 

                                           

plafond endommagé et détail des fibres d'amiante

 

 

    Malgré tout le pillage et les dommages au bâtiment, l'exploration de l'église n'en demeure pas moins intéressante. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut circuler dans une église comme si nous un étions un paroissien VIP dans la maison de Dieu. Ici pas de curé, pas de sécurité, on peut même grimper tout en haut du clocher.

vue en plongé du haut du clocher

 

Les cloches,

 

 

Panorama 360deg. du haut du clocher

 

 

     Malgré tous les efforts des paroissiens et de la population, il est déplorable de voir que le sort de cette église est laissé aux forces de la nature en attendant qu'un quelconque promoteur vienne profiter de la valeur du terrain et démolir l'église. Tout comme bien d'autres églises, la seule attention du diocèse en dehors de faire de l'argent par la vente des éléments patrimoniaux est de placarder l'endroit et de laisser la nature faire son travail de détérioration. Comme il est patient ce diocèse! des bâtiments bien plus vieux tiennent encore debout, et ce, depuis bien plus longtemps: pensons à la brasserie Dow et au Canada Maltage.  Il est vrai que cette église n'était pas un joyau rare, construite dans les années 1930 elle est une parmi tant d'autres églises avec une valeur moyenne pour ce qui est de la rareté de ses éléments patrimoniaux. L'église Saint-Sauveur (abandonnée)   possède des éléments patrimoniaux  et un travail d'artisans bien plus riche que celui de Saint-Julien. À chaque époques son style et son travail d'ornementation. Il reste que reconstruire une église des années 1930 à l'heure actuelle est une aventure dont personne n'a les moyens financiers et artisanaux. Les styles architecturaux des années 1920-1930 englobent les dernières belles constructions avant que le moderne dénué de détails ne leur volent définitivement la vedette.

    Heureusement, des gens comme Ernest Champagne du Comité de Sauvegarde de l'église Saint-Julien de Lachute  se portent à la défense cette métastase cancéreuse du patrimoine religieux du Québec. Bien d'autres églises au Québec sont vouées au même sort que celui de l'église Saint-Julien et Saint-Sauveur. Sans la mobilisation des gens qui ont à coeur ces bâtiments, leur avenir ne vaut guère plus que le prix vendant au pied carré de terrain.

Vous trouverez ici: le document  du comité de sauvegarde ainsi qu'un article du journal Le Devoir

Le document du comité de sauvegarde englobe toute l'historique et la construction de l'église, à lire absolument.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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